Au fait, c’est quoi un bon CV ?

En matière de CV, les conseils ont toujours abondé. Pas toujours inspirés… et souvent contradictoires !

On met une photo bien sûr… ou surtout on n’en met pas ? Plutôt sérieuse ou plutôt souriante ? On construit le CV en compétences ou par ordre chronologique ? On évoque des centres d’intérêts personnels ou ça ne se fait plus ? On dit ce qu’on cherche en tête de CV… ou on le laisse dans l’ombre ? On parle de ses enfants, on dit qu’on est marié (ou pas, ou plus) ou on laisse sa vie privée en dehors de tout ça ? On donne des chiffres sur ses réalisations ou ce n’est pas la peine ? On bluffe, on enjolive, on truque, on colmate, ou on reste vrai et pur, au plus près de la réalité ? Qui ne s’est pas posé ces questions, qui n’a pas hésité, n’a sans doute pas cherché de job depuis longtemps. Et qui n’a jamais donné de conseils à des proches, des amis, des collègues … ne lit sans doute pas ce blog !

En réalité, pourtant, la question n’est pas de respecter un quelconque formatage qu’on ne sait quelle autorité supérieure aurait décrété sans nous le dire mais de raconter le mieux possible une histoire positive. La nôtre. Le CV en effet n’est pas un formulaire, c’est un acte de communication. Synthétique par nature. Souvent décisif. Toujours important. Qu’il convient de construire au plus juste.

Or, qu’est ce que vous avez besoin de dire ? Et qu’est-ce que l’autre a besoin d’y lire ? Celui qui lit le CV cherche à comprendre ce que vous avez fait, à détecter dans quelle mesure le profil qu’il découvre correspond à ce qu’il cherche, tout en se rassurant sur vos compétences et votre fiabilité. Tandis que vous avez besoin de lui présenter le meilleur de ce que vous avez vécu et construit. De la façon la plus valorisante pour vous. Dans la perspective du job spécifique que vous recherchez aujourd’hui.

Bilan ? Il ne peut pas y avoir un bon modèle de CV, puisque chaque histoire st différente, et chaque objectif aussi. Un CV ne peut s’évaluer ainsi que par rapport à une finalité. La même expérience peut se raconter de façon différente en fonction de l’objectif et de l’interlocuteur. Ne laissez donc personne vous dire ce que vous devez écrire. Essayez seulement d’imaginer la meilleure histoire possible à raconter, pour vous, dans le contexte concerné : la plus positive, la plus vraie, la plus singulière, la plus cohérente possible.

Trouver sa place est l’affaire de tous

Parce que tout est lié… Un extrait de la conclusion de « Trouver sa place au travail » (Juliette Allais / Didier Goutman – Eyrolles 2012 / Livre de poche 2015)

« Trouver sa place au travail au fond n’est pas une question individuelle. Bien sûr la formule est délibérément paradoxale, mais elle a pour vocation ici, à la fin de cet ouvrage, de rappeler l’importance des enjeux collectifs toujours associés à l’idée même de travail.

Nous connaissons tous en effet trop bien des amis, des collègues, des patrons, des artisans, des commerçants, des enseignants… qui ne sont pas à leur place, ne font pas bien des métiers qu’ils méprisent, et génèrent ainsi –souvent sans même s’en rendre compte- des cascades de conséquences négatives pour eux-mêmes et pour les autres.  Des boulangers qui n’aiment pas le pain qu’ils font et nous le rendent amer, rejetés par leurs clients, désagréables en retour, malmenés par leur femme à cause de leur humeur, d’autant plus enclins à désespérer d’eux-mêmes et de leur métier. Des serveurs qui n’aiment pas servir, et nous le font bien sentir, transformant des instants de répit en moments de tension. Des assistantes qui voudraient être chefs, rechignent à la tâche toute la journée et compliquent la vie d’équipes entières. Des managers qui n’aiment personne, évitent tout contact, sont méprisés par leurs collaborateurs et s’enferment à leur tour dans un rejet hautain et stérile. Des entraîneurs d’équipe de football qui se murent de même dans le silence et dépriment au final des nations entières. De même que nous connaissons tous aussi des boulangers, des serveurs, des assistantes, des managers ou des entraîneurs, qui parce qu’ils aiment ce qu’ils font, créent à l’inverse des cercles vertueux de service et de confiance, de plaisir et de rayonnement. Chacun est donc responsable de sa place et de la façon dont il l’occupe, devant lui mais aussi devant tous les autres. Parce que tout est lié. Parce que nous sommes tous économiquement, socialement, professionnellement interdépendants. Trouver sa place n’est donc jamais seulement une question individuelle. Parce que je ne peux pas la trouver seul, puisqu’il faut bien qu’un autre me la confie, avec et pour lui. Parce que bien ou mal travailler, aimer ou pas ce que je fais, n’engage jamais que moi. L’enjeu dépasse toujours largement ma propre cause, pour toucher au fonctionnement collectif dans son ensemble. Si le battement d’une aile de papillon peut déclencher un cataclysme au final, que dire en effet d’une carrière ratée, d’une vocation manquée, d’une frustration permanente ?

Trouver sa place au travail questionne enfin la place qu’occupe justement le travail lui-même dans le monde qui est le nôtre. Car moins le travail est valorisé, plus il est difficile d’y penser positivement son intégration. Nous vivons pourtant collectivement, depuis des décennies, ce fantasme –car c’en est un- de travailler toujours moins pour dépenser toujours plus. Toujours moins d’heures de travail, toujours moins de journées, toujours moins d’années de travail, toujours plus de jours de repos, de loisirs et de consommation. Comme si le travail était nécessairement une purge, une corvée, un esclavage, une « torture » qu’il fallait réduire, encore et encore. Et le loisir une chance, un droit, une bénédiction, qu’il fallait défendre, renforcer, étendre, augmenter. Mais est-ce si évident aujourd’hui ? En quoi regarder des DVD sur un écran plat est-il au fond tellement plus formateur que de chercher à satisfaire un client dans une relation réelle et vivante ? En quoi bronzer sur une plage est-il plus intéressant, plus « nourrissant », plus attirant que d’animer des réunions de travail ? Et surtout, est-ce même encore possible ? Car nous ne sommes parvenus à entretenir durablement cette illusion qu’au prix d’un endettement collectif forcené, dont il faudra bien s’acquitter un jour, d’une façon ou d’une autre. Et si demain, faute de pouvoir même faire autrement, nous devons cette fois travailler plus, plus longtemps, sans autre perspective que de gagner moins, la question de l’ajustement à ce que nous ferons sera d’autant plus cruciale. Puisque nous ne pourrons travailler plus pour nous enrichir au plan quantitatif, ni non plus avec l’espoir de nous débarrasser à terme du travail lui-même, il ne nous restera donc plus qu’à investir –enfin ? – le travail d’une véritable valeur de réalisation individuelle et de service collectif.

Tant qu’à devoir travailler, et peut-être beaucoup – car nous n’y échapperons pas- autant faire ainsi ce qui est juste, pour nous-même, pour les autres et pour le monde. Peut-être est-ce ainsi d’ailleurs que la société évoluera vraiment, qu’elle apprendra à rendre enfin le travail intéressant pour tous, plutôt que de chercher seulement à l’éradiquer faute de savoir faire mieux. Si chacun de nos métiers avait vraiment un sens dont nous soyons tous conscients, ne serait-ce pas un plus grand progrès que si nous avions tous atteint la possibilité d’un farniente permanent, stérile et désœuvré ?

La révolution de 1789 voulait abolir les privilèges des aristocrates, pour ne permettre à personne de vivre aux crochets de tous les autres. Nous avons pourtant cherché depuis subtilement à faire l‘inverse, c’est-à-dire à étendre à tous les privilèges de quelques-uns. Sauf que c’est impossible. Après tout, n’en déplaise à la Genèse, on travaille peut-être même au Paradis… »

 

Mobilité interne en entreprise : Et si trop de formatage contrariait la gestion des talents ?

Professionnaliser le recrutement, c’est bien. Mais la juste adéquation d’un job et d’un individu ne saurait être pourtant qu’une question de processus et de compétences clés…

A titre de réflexion, un article publié en décembre 2015 dans le numéro 565 de la revue Personnel, la revue de l’ANDRH.

 

Accepter d’abord. Tout accepter.

Pour accompagner le changement… encore faut-il en accepter le point de départ !

Non pas ce qui devrait être, mais ce qui est.

Swâmi Prajnânpad

Vouloir faire mieux, aider l’autre à progresser, c’est bien. Mais est-ce possible si l’on ne commence pas par en accepter d’abord le point de départ ? Insatisfaisant certes, mais tellement réel aussi…

C’est vrai de nos propres changements. Si je n’accepte pas qui je suis, là où j’en suis aujourd’hui, je ne peux pas évoluer… puisque c’est de là que je dois partir. Je ne peux pas guérir si je n’accepte pas que je suis malade, car alors je n’irai voir aucun médecin, je ne suivrai aucun traitement. Comme je ne peux me rendre à l’autre bout du monde si je n’accepte pas d’abord d’être encore ici. Qu’il va falloir commencer par réserver des places d’avion, faire la queue à l’aéroport, refaire son passeport et changer de l’argent. Qu’on ne sera pas d’emblée sur la plage, à bronzer sous les cocotiers.

C’est vrai de même – quand on est consultant coach ou thérapeute – de tous ceux que nous accompagnons au quotidien. Si nous ne les acceptons pas nous-mêmes en profondeur à l’endroit de leurs difficultés, de leurs failles, de leurs peurs, de leurs résistances… comment pouvons-nous les écouter, les conseiller, les inspirer, les emmener, les aider ?

Or, c’est le plus difficile en réalité. Poser des questions, inventer des exercices, appliquer ou développer des méthodes, être attentif, patient, bienveillant, ça s’apprend, ça s’exerce, ça se travaille. Mais accepter l’autre, simplement, sans projections et sans jugement, accepter parfois de lui ce que justement il n’accepte pas lui-même, c’est une autre histoire. Parce qu’elle est bien plus masquée, bien moins lisible. Et puis aussi parce qu’elle nous renvoie souvent à la nôtre, et à tout ce que nous avons – ou pas – déjà accepté de nous même.

Mais « accompagner » au final, pourtant… n’est-ce pas toujours aider l’autre justement à accueillir consciemment plus de lui-même ? Plus de ses peurs pour pouvoir les surmonter… Plus de ses croyances pour pouvoir les questionner… Plus de ses envies pour pouvoir se les autoriser… Et plus de ses désirs pour pouvoir (enfin) les réaliser !