La voie juste… et les autres

On connaît tous des serveurs de café qui ensoleillent une matinée de leur joie de vivre et de leur envie de servir, et d’autres qui donnent envie de fuir en courant aux touristes même les plus motivés. Des professeurs qui nous auraient dégoûté définitivement des études à force de passivité et d’étroitesse d’esprit s’il n’y en avait eu d’autres au contraire qui brillaient de leur envie d’apprendre et de transmettre. Des managers qui soudent des équipes pour en tirer le meilleur tandis que d’autres se contentent de les contraindre et de les démotiver. Des entraîneurs qui conduisent en finale des équipes modestes à force d’écoute et de conviction, tandis que d’autres les abandonnent au fond d’un bus, amères et démotivées.

Les uns s’ennuient, nous ennuient, ne s’aiment pas… et nous le leur rendons bien. Les autres aiment ce qu’ils font, le rayonnent et nous en profitons. Les uns semblent à leur place, profondément, efficaces et épanouis tout à la fois, les autres au contraire se morfondent dans un rôle qui les désole, qu’ils en soient conscients ou non.

Mais alors, puisqu’il y a de tels écarts, avec de telles conséquences… qu’est-ce qui fait qu’on devient l’un et pas l’autre ? Pourquoi certains se bonifient tandis que d’autres se raidissent et s’enlisent ? Comment choisir la voie la plus lumineuse ? Et comment faire, quand on est dirigeant, pour identifier, recruter, accompagner, encourager, fidéliser les premiers sans (trop) s’exposer aux seconds ? Pour créer des cercles vertueux de confiance et de justesse plutôt que des cercles viciés de tristesse et d’ennui ?

Aussi loin que je m’en souvienne, cette question m‘a toujours fasciné, sous tous ses aspects, individuels et collectifs, personnels et organisationnels. De mon premier stage majeur en entreprise, à 20 ans, j’en avais même déjà tiré un mémoire de recherche, sur le thème « Aluminium Pechiney, identité et stratégie… ou les raisons d’une psychose collective », pour montrer combien la contradiction entre un management aveugle et des contrats implicites pouvait créer de déséquilibres. Mais comment aider des individus à choisir les voies qui leur sont justes ? Et comment construire les couples jobs / individus qui vont faire sens pour tous ?

Je me suis ainsi passionné pour le recrutement, dans toutes ses dimensions et pour la psychologie des profondeurs, pour le management opérationnel et pour la sociologie des organisations. A force d’expériences, certaines amicales, d’autres associatives, d’autres plus officielles, comme salarié, comme manager puis comme consultant et enfin comme coach, je m’y suis construit un savoir-faire et des convictions. Et puis – quand je me suis senti prêt – j’en ai fait un métier, une spécialité un engagement. J’en ai même fait un livre, avec mon amie Juliette Allais : « Trouver sa place au travail » (Eyrolles 2012 / Livre de poche 2015). En insistant bien sur le « sa », sa place propre, celle qui fait sens pour nous, où je peux exprimer ce que je porte de plus singulier.

Engagement de consultant, pour tenter d’optimiser dans les organisations – à chaque fois que possible – l’adéquation des jobs et des individus. Engagement de coach, même si je n’aime pas le mot, pour accompagner des individus dans la recherche de la place juste. Parce que je crois profondément à la nécessité d’un accompagnement, là où l’on est sinon souvent par trop juge et parti.

Et puis, comme l’écriture est chez moi une seconde nature, et partie intégrante de mes accompagnements, j’en fait aujourd’hui un blog. Pour exprimer des convictions, partager des expériences, suggérer des évolutions. Pour vous inciter à réagir aussi. Et peut-être à franchir un cap ?

Pour paraphraser la vieille citation en exergue du Canard Enchaîné depuis des décennies, les opportunités de travail et de transformation positive en effet, c’est comme la liberté de la presse… elles ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas.

Didier Goutman

didiergoutman@wanadoo.fr
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